La Provence au carrefour des trajectoires artistiques au XVIIe siècle. Production, marchés, circulations.
Colloque international : 26-28 septembre 2024.
Lieu : Musée Granet et Chapelle de la Visitation – Aix-en-Provence.
Date limite des propositions : 1er mars 2024.
Le colloque aura lieu du 26 au 28 septembre 2024 à Aix-en-Provence. Il s’inscrit dans le prolongement de l’exposition, Jean Daret (1614-1668), peintre du roi en Provence, organisée par le musée Granet du 15 juin au 29 septembre 2024. Le colloque, international et pluridisciplinaire, entend questionner la circulation des artistes et des œuvres dans la Provence du XVIIe siècle. L’étude des circulations et des mobilités, nécessaire à la compréhension de l’évolution des formes et de la diffusion des modèles (Roland Recht, Pierre-Yves Beaurepaire et Pierrick Pourchasse), s’est imposée comme un champ de recherche fondamental chez les historiens et les historiens de l’art depuis une quarantaine d’années. L’analyse des interactions interculturelles et des transferts qu’elles induisent n’a toutefois pas été menée dans une appréhension large de la pratique artistique au XVIIe siècle en Provence.
Trajectoires des hommes
Par sa position géographique, la Provence, comprise de Nice à Montpellier jusqu’au Comtat Venaissin, apparaît comme un creuset privilégié pour réfléchir à la pluralité des circulations artistiques. Ouverte sur la Méditerranée, forte d’un actif commerce maritime, elle est aussi la dernière étape française sur le chemin de l’Italie, à une époque où le voyage à Rome s’impose comme un socle indispensable à la formation de tout artiste. Dès 1604, dans son introduction au Schilder-boeck, le peintre et théoricien flamand, Karel Van Mander (1548-1606), conseillait aux jeunes peintres qui souhaitaient faire le voyage à Rome de passer par la Provence pour trouver des commandes et des moyens financiers. Van Mander, en indiquant la Provence comme un temps fort de l’axe nord-sud, présentait implicitement cette étape comme un lieu où la demande en œuvres d’art était importante et la réglementation peu contraignante. Les recherches récentes menées sur les populations d’artistes qui ont habité ce territoire, après celles fondatrices de Charles Ginoux, Louis Honoré et Jean Boyer, ont confirmé, même si elles restent encore à affiner, la diversité de leurs origines. Elles attestent en outre de certaines évolutions au fil du siècle. Si les villes d’Aix ou de Marseille connaissent bien une saison flamande dans le premier tiers du siècle, ce sont surtout des Italiens et des Parisiens qui s’y installent par la suite pour des durées plus ou moins longues. Le questionnement mérite d’être étendu à l’ensemble des villes de la Provence comme des métiers d’art : étudier non plus simplement les peintres, sculpteurs, graveurs ou architectes, mais plus largement les différents métiers du faire artistique, orfèvres, ébénistes, tapissiers, ornemanistes, serruriers et ferronniers… Ô combien poreuses sont en effet au XVIIe siècle les relations entre ces différentes professions : en attestent les contrats d’apprentissages ou les réseaux de sociabilité que traduisent les mariages et les parrainages. C’est, par exemple, grâce au soutien des orfèvres parisiens qu’un peintre comme Michel Ballin put par exemple s’installer un temps à Marseille à son retour de Rome.
Circulations des biens
Le colloque entend s’intéresser aussi à la circulation des œuvres et des matériaux. La position de la Provence dans cette « France des marges », pour reprendre l’expression de Fernand Braudel, parce qu’aux confins de la France et de l’Italie et ouverte sur la Méditerranée, en fait un espace privilégié pour l’étude des importations et des exportations de marchandises. Si plusieurs travaux ont déjà été conduits sur certains types spécifiques de matériaux comme le marbre, le corail, les Indiennes, sur les techniques (Geneviève Bresc-Bautier, Gilbert Buti, Olivier Raveux) ou encore sur les sculptures génoises achevées, plus rares sont ceux consacrés à d’autres matériaux (pigments, toiles à peindre, matières précieuses, commerce des tentures et des textiles). Les mécanismes et les modalités d’achat des œuvres depuis la Provence, si ce n’est pour la sculpture, ou de leur vente à l’étranger, reste ainsi un angle mort de la recherche. La circulation de gravures et l’évolution des modèles de références, sensible à travers les reprises et les copies, restent également des champs à évaluer.
Un territoire ou des territoires ?
Envisager la Provence comme un carrefour, à la fois géographique et social, où se nouent, se croisent et se rencontrent des trajectoires artistiques diverses, implique également d’interroger la spécificité des différents pôles qui la constituent. Il s’agira de dégager les principaux centres qui contribuèrent à son attractivité et les interactions que ceux-ci purent avoir avec les villes périphériques. Existe-t-il « une » Provence, ou bien plusieurs pôles urbains témoignant de consommations et d’horizons d’attente différents ? La reconnaissance de sa fonction de carrefour contribue-t-elle à définir la Provence comme un centre important de la production artistique en Europe ? Joua-t-elle un rôle dans la diffusion de nouveaux modèles de formes, de motifs ou de styles en France comme à l’étranger ? Sa situation géographique contribua-t-elle à produire dans les arts une spécificité apte à définir une identité, celle-là même qu’au XIXe siècle Chennevières, parmi d’autres, appelait l’« école du midi » ? Ce sont autant de pistes de recherche que ce colloque entend ouvrir.
Les communications pourront porter sur les axes suivants :
- Circulations des artistes et des œuvres,
- Conditions de production, réglementation corporative et marché de l’art (collectionneurs, marchands, commandes, statuts des artistes),
- Diffusion et transfert des modèles, des matériaux et des techniques,
- Études de cas (artistes, œuvres ou lieux),
- Attractivité et complémentarité des différentes villes ou espaces qui composent la Provence.
Propositions à rendre au plus tard le 1er mars 2024 aux adresses suivantes :
provencecirculations-17 (chez) gmail.com
bastetd (chez) mairie-aixenprovence.fr
Comité d’organisation :
- Delphine Bastet (Ville d’ Aix-en-Provence, direction du Patrimoine)
- Paméla Grimaud et Jane MacAvock (Musée Granet, Aix-en-Provence)
- Fabienne Sartre (Université Paul-Valéry Montpellier 3, IRCL)
- Mickaël Szanto (Sorbonne Université, Centre André Chastel)
- Magali Théron (Aix-Marseille Université, Telemme)